Mai 23, 2023
DÉCLARATION CONJOINTE
Plus de 45 organisations africaines et internationales appellent la BAD à ouvrir des espaces pour la société civile et les communautés pendant les Assemblées annuelles et au-delà.
Du 22 au 26 mai, le conseil d’administration et d’autres membres clés de la direction de la Banque africaine de développement (BAD) se réuniront pour la 58e assemblée annuelle à Sharm El Sheikh (Égypte). Une fois de plus, la société civile et les communautés directement touchées par les activités financées par la BAD n’auront pas la possibilité d’y participer.
La BAD, malgré sa mission de stimuler le développement durable et d’aider les plus marginalisés sur le continent africain, reste une institution où les processus de décision ont tendance à se dérouler à huis clos et selon une approche descendante.
Au cours des assemblées annuelles, les administrateurs de la Banque parleront entre eux et avec certaines parties prenantes d’autres institutions et du secteur privé. Ceux qui devraient être les premiers bénéficiaires des projets de la BAD – et qui sont les plus directement touchés – n’auront pas de place à la table. Les membres des communautés et les activistes de la société civile n’auront pas la possibilité de s’exprimer, de faire part de leurs besoins et de soulever leurs préoccupations concernant les impacts négatifs de certaines activités de la Banque.
Alors que le système de sauvegarde intégré (SSI) de la BAD, récemment mis à jour, comprend un engagement à ne pas tolérer les représailles, le fait que la Banque ait décidé de tenir ses assemblées annuelles en Égypte envoie un message contradictoire et inquiétant. L’Égypte est actuellement tristement célèbre pour son espace civique fermé. Des milliers de personnes – y compris des défenseurs des droits humains et des journalistes – sont toujours détenues arbitrairement, simplement pour avoir défendu pacifiquement les droits humains ou dit la vérité au pouvoir. En raison de la répression exercée par le régime contre toute voix critique, les citoyens s’autocensurent par peur des représailles. Les militants étrangers sont également une cible : tout récemment, le régime égyptien a refusé l’entrée, sans fournir de raison, à un militant italien des droits humains qui disposait d’un visa et d’une accréditation valides pour participer à la COP27.
Les assemblées annuelles peuvent être une plateforme cruciale de plaidoyer et de lobbying pour les organisations de la société civile. Comme d’autres banques de développement, la BAD devrait réintégrer le Forum de la société civile dans le programme des assemblées annuelles. Elle devrait également réformer sa conception, afin de rendre le forum plus inclusif, accessible, transparent et ouvert à un éventail diversifié de groupes de la société civile, sans limiter le nombre et les types de sujets abordés dans l’ordre du jour.
Malheureusement, le manque d’opportunités de participation lors des assemblées annuelles n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les organisations de la société civile plaident depuis longtemps auprès de la BAD pour qu’elle ouvre des espaces de participation.
Les groupes de la société civile ont également exprimé à plusieurs reprises leurs préoccupations quant aux lacunes des processus d’examen des politiques, qui tendent à manquer de transparence et offrent des possibilités limitées de participation de la société civile, et quant à la mise en œuvre effective des mesures de sauvegarde de la Banque.
Par exemple, l’inclusion du sujet des représailles dans le nouveau SSI – où la banque s’engage à s’assurer que les gens peuvent s’exprimer en toute sécurité dans le contexte de ses projets – est une étape bienvenue et attendue depuis longtemps. Mais cela restera lettre morte si la BAD ne prend pas des mesures concrètes pour changer les processus, les incitations et la culture afin d’adopter une approche basée sur les droits humains, de prévenir les représailles avant qu’il ne soit trop tard, et de réagir rapidement lorsque des cas de représailles sont soulevés.
Au moment où nous écrivons cette lettre, des dizaines de défenseurs des droits humains sont menacés et attaqués simplement pour avoir dénoncé les effets négatifs des projets financés par la BAD et défendu pacifiquement les droits de leurs communautés. Leurs voix sont cruciales : la Banque devrait s’assurer qu’elles ne sont pas réduites au silence.
Cette semaine, alors que la BAD tient ses assemblées annuelles, elle doit garder les communautés africaines au premier plan. Le développement durable est impossible sans les voix de ceux qui sont les plus touchés par le développement. La BAD doit être une institution au service des peuples africains et non des gouvernements africains.
Les signataires demandent à la BAD de prendre les mesures suivantes :
Signatories